Tôlerie du Nord
 

Un cahier des charges (CDC) clair et complet est la meilleure assurance d’obtenir des pièces de tôlerie conformes, livrées dans les délais et au bon coût. Il sert de référence unique pour le client, le bureau d’études et l’atelier (découpe, pliage, soudure, finition). Voici une méthode concrète pour structurer votre CDC, éviter les zones d’ombre et fluidifier la fabrication.

1) Définir le besoin et l’usage réel

Commencez par décrire le problème à résoudre et l’environnement d’utilisation. Plus la situation d’usage est précise, plus les choix matière/épaisseurs/finition seront pertinents.

  • Fonction attendue : porter, protéger, stocker, guider, cloisonner, capoter, etc.
  • Charges et efforts : masse, répartition (ponctuelle/répartie), chocs, vibrations.
  • Environnement : intérieur/extérieur, humidité, poussières, produits chimiques, température.
  • Durée de vie visée & maintenance : accès aux zones d’usure, pièces remplaçables.
  • Contrainte d’encombrement : gabarits, passages, interfaces avec des équipements existants.

2) Périmètre du projet et livrables

Clarifiez ce qui est inclus et ce qui ne l’est pas, ainsi que la forme des livrables.

  • Périmètre : étude, prototypage, présérie, série, pose sur site.
  • Livrables attendus : plans PDF, fichiers CAO, nomenclature, certificats matière, rapport de contrôle, notice de montage.
  • Quantités et cadences : lot initial, réassorts, prévisions annuelles.

3) Exigences techniques de conception

Regroupez ici tout ce qui impacte le dimensionnement et la faisabilité.

  • Matières : acier S235/S355, acier galvanisé, inox 304/316, aluminium 5000/6000. Précisez si une équivalence est acceptable.
  • Épaisseurs nominales et tolérances : ex. 3 mm ±0,3 mm, 5 mm ±0,5 mm.
  • Tolérances géométriques : planéité, équerrage, perpendicularité, jeu d’assemblage.
  • Rayons de pli minimum : selon matière/épaisseur pour éviter fissurations et marbrures.
  • Éléments fonctionnels : trous oblongs, lumières, fentes d’évacuation, nervures, emboutis.
  • Contre-dépouilles et accostages : règles d’alignement, références d’assemblage.

4) Données de fabrication (découpe, pliage, assemblage)

Indiquez vos préférences ou laissez le sous-traitant proposer la meilleure route process.

  • Découpe : laser, plasma, poinçonnage. Exigences de bavure/zone HAZ, repères gravés.
  • Pliage : CN, tolérance d’angle, sens de fibre, repères de pli.
  • Assemblage : soudure MIG/MAG/TIG, longueur de cordons, étanchéité éventuelle; boulonnage (classe, finition), rivetage/sertissage si tôle fine.
  • Gabarits et répétabilité : besoins de gabarits de contrôle/assemblage, interchangeabilité des pièces.

5) Finitions et protection anticorrosion

La finition conditionne l’esthétique et la durée de vie. Soyez explicite.

  • Traitements : galvanisation à chaud, zingage, thermolaquage (époxy/polyester), passivation inox.
  • Préparation des surfaces : grenaillage, dégraissage, phosphatation.
  • Couleurs et aspects : RAL/Brillance/Texture; zones masquées à protéger ou à laisser brutes.
  • Épaisseurs de couche & essais : μm mini, tests d’adhérence ou brouillard salin si requis.

6) Qualité, contrôles et normes

Précisez le niveau de contrôle attendu pour éviter des coûts ou délais non anticipés.

  • Contrôles dimensionnels : échantillonnage (ex. ISO 2859), gabarits, PV de contrôle.
  • Contrôles soudure : visuel VT, ressuage PT, éventuellement contrôle par jauges.
  • Traçabilité : certificats matière, marquage des numéros de lot, étiquetage durable.
  • Références normatives : tolérances générales, exigences de sécurité (arêtes ébavurées, rayon mini).

7) Logistique, conditionnement et identification

Une logistique maîtrisée réduit les risques d’avaries et facilite l’intégration sur site.

  • Conditionnement : palettes, chevalets, intercalaires, filmage, protections d’arêtes.
  • Identification : étiquettes avec code article, quantité, sens de montage; marquage gravé si besoin.
  • Dimensions de colis : gabarits maximum pour portes/ascenseurs/chariots.
  • Incoterms et transport : lieu de livraison, rendez-vous, contraintes horaires, moyens de déchargement.

8) Délais, jalons et gestion des modifications

Fixez un calendrier réaliste et un circuit de validation des évolutions.

  • Jalons : revue de conception, validation 3D/plan, prototype, présérie, démarrage série.
  • Délais standard & critiques : préciser les pièces prioritaires et les marges calendaires.
  • Gestion des modifications (ECO) : qui décide, format de diffusion, archivage des versions.

9) Coûts, chiffrage et options

Demandez un devis structuré pour comparer à périmètre constant et ouvrir le jeu sur des variantes.

  • Prix à l’unité et par palier quantitatif : 1, 10, 50, 100 pièces.
  • Coûts non récurrents (NRE) : gabarits, outillages spécifiques, programmation.
  • Options : matière alternative, épaisseur réduite avec raidisseurs, finition différente.
  • Conditions : validité de l’offre, modalités de paiement, pénalités éventuelles, garantie.

Exemple de tableau de spécifications

Rubrique Exigence Commentaires
Matière Acier S355JR Équivalence acceptée après validation écrite
Épaisseur 5 mm ±0,5 mm Zones locales en 8 mm si nécessaire
Tolérances ±0,3 mm sur entraxes Plan de tolérances détaillé fourni
Assemblage Soudure MAG continue Etanchéité non requise
Finition Thermolaquage RAL 7016 Épaisseur 70–90 μm
Contrôle PV dimensionnel 100% Contrôle visuel des soudures

Check-list rapide avant envoi du CDC

  1. Les fichiers CAO (STEP/IGES) et plans PDF sont-ils à jour et nommés clairement ?
  2. Les tolérances critiques sont-elles localisées sur le plan (et non « par défaut ») ?
  3. Le sens des plis et les rayons mini sont-ils compatibles matière/épaisseur ?
  4. Les zones peintes/masquées et les surfaces d’appui brutes sont-elles identifiées ?
  5. Le conditionnement et l’étiquetage répondent-ils à vos flux internes ?
  6. Les jalons (proto, présérie) et critères d’acceptation sont-ils écrits ?

Erreurs fréquentes à éviter

  • Plans ambigus : cotes doublons, références manquantes, vues incohérentes.
  • Tolérances irréalistes : sur-spécifier augmente fortement le coût sans bénéfice fonctionnel.
  • Changer la matière en cours de route sans mesurer l’impact sur les plis, la soudabilité et la finition.
  • Oublier la manutention : trous de levage, accès au serrage, espace d’assemblage.
  • Ignorer l’environnement : corrosion, nettoyage, abrasion; choisir la finition en conséquence.

Structure type de cahier des charges (modèle)

Vous pouvez reprendre cette trame pour vos projets :

  • 1. Contexte & objectifs — usage, contraintes, enjeux.
  • 2. Périmètre & livrables — étude/proto/série, documents attendus.
  • 3. Exigences techniques — matières, épaisseurs, tolérances, éléments fonctionnels.
  • 4. Process — découpe, pliage, assemblage, contrôle en cours.
  • 5. Finitions — traitement de surface, couleur, essais.
  • 6. Qualité & normes — plans de contrôle, traçabilité, PV.
  • 7. Logistique — emballage, marquage, transport, rendez-vous.
  • 8. Planning — jalons, délais, gestion des modifications.
  • 9. Chiffrage — quantités, NRE, options, conditions.
  • 10. Annexes — plans, 3D, photos, historique versions.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *